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MAISON FORTE DE MERAL   -  ELOISE

 


Maison forte de Méral

maison forte de Méral, à Eloise, Seigneur Ramuz de Méral

Le Pont de Grésin est un pont suspendu qui franchit le Rhône sous le hameau de Grésin. On peut y accéder en automobile depuis Grésin. En revanche, en direction d'Eloise, sur le versant savoyard du Rhône, seul un chemin de terre conduit au pont. Ce pont a été construit à la suite de la mise en eaux en 1948 du barrage de Génissiat et de la formation du lac de barrage, qui a noyé un ancien pont situé en dessous. Cet ancien pont avait eu dans le passé une importance stratégique, au XVIIème siècle. En effet, il faisait partie du chemin des Espagnols, par lequel les armées espagnoles étaient autorisées à traverser le Royaume de France pour rejoindre la Franche-Comté (alors territoire espagnol) à partir de la Savoie, en passant par Chézery.

 

Vers l’an mil, l'abbé de Saint Claude remet ses terres en fief aux seigneurs d’Arlod. Trois siècles plus tard, son lointain successeur cherche à obtenir des seigneurs qui les administrent la reconnaissance de leur vassalité à l'Abbaye. C'est la reconnaissance de 1311, l'un des plus anciens documents parlant d'Eloise, qui a été étudiée par François Burdeyron. Le Comte de Genève a pour vassaux, à Eloise, Orsinat de Bastie, seigneur de la Bâtie d'Eloise, Gilet de Loysie, Humbert et ses frères, qui possèdent une maison forte et le molard de la poype, les Beyne de Baloysie, Humbert de Fayolle, seigneur de la maison forte de Fiolaz et Guichard, probable seigneur de Méral.

Ces fiefs ne semblent pas couvrir la totalité de la commune actuelle d’Eloise. Les Certous d’Arlod, où une bâtie existe en 1237, dépendent directement d’Arlod. Il est curieux que la partie nord-est de la commune, la Cugnère, le Dos à l’âne, l’Echeire, n'appartienne pas à une seigneurie chargée d'assurer la garde du pont de la perte du Rhône. La famille de Leschieres qui vit à Eloise en 1561 (voir la Gabelle du sel) pourrait être la survivance d'une hypothétique famille centrée sur l'Echeire et l'actuelle maison du Dos à l'Ane, idéalement placée pour défendre le pont de la perte du Rhône.

La seigneurie de Méral, à l’emplacement de la ferme actuelle, est propriétaire du rocher servant de support au pont de Grésin. Bien postérieur est le fort de Méral, dont les soubassements ont été ponctuellement mis au jour dans les années 1980 par Marius Fillion. Il est construit vers la fin du XVI° siècle et figure sur la carte de Beins (1606). La maison forte de Méral ne joue plus alors aucun rôle défensif du pont de Grésin. Le Comte de Genève ayant acheté le château d'Arlod, c'est le châtelain d'Arlod qui veille à la sécurité de toute la Semine.
Le pont de Grésin retint longtemps l'attention des grands de ce monde. Souvent opposés aux rois de France, les Ducs de Savoie favorisent les Espagnols qui ont des intérêts aux Pays-Bas. Par l’Italie, la Savoie, le chemin des espagnols sur la commune de Clarafond (Fruitière), le pont de Grésin, la vallée de la Valserine et la Franche-Comté, les troupes ibériques peuvent aller, grâce à la complicité des Ducs de Savoie, de Méditerranée en Hollande sans s’exposer aux armées françaises.

En 1536, François Ier remporte la première manche en attaquant la Savoie. La Savoie est occupée vingt-trois ans, mais le pont revient de nouveau sous la coupe savoyarde en 1559. Après la déroute de la flotte espagnole en 1588, l’itinéraire du pont de Grésin devient stratégique pour l'Espagne. C’est dans cette période qu’est construit un fort à Méral pour défendre le pont.

Henri IV, à son tour victorieux du Duc de Savoie, s’empare en 1601 de la rive droite du Rhône. Bizarrement, le pont de Grésin, les paroisses de Léaz, Lancrans, Chézery et les villages de la vallée de la Valserine restent savoyards. Certes, le Duc de Savoie ne peut s'opposer aux Français qui voudraient franchir le pont de Grésin et ne peut y tenir de fort. Mais les diplomates ont préservé le passage des Espagnols et l’intérêt stratégique du pont de Grésin. La suppression du péage intéresse aussi les contrebandiers. Arrivant de Suisse ou de Savoie par la rive gauche, ils profitent du pont pour s’introduire en France.

Henri IV n'est pas dupe. En 1602, le Maréchal de Lavardin, responsable de la garde du pont sur la Valserine à Coupy, fait retirer les planches du Pont de Grésin. Le tollé diplomatique qui s'ensuit contraint Henri IV à remplacer de Lavardin par le Duc de Bellegarde. Certains historiens y voient l'origine du nom de cette commune voisine, qui n’est alors que Musinens. Mais la fragilité du pont est démontrée. La Savoie et l'Espagne cherchent des passages plus sûrs par le pays de Vaud. Après l’échec lamentable des Savoyards à l'escalade de Genève en 1602, les Espagnols doivent se contenter des trois planches du pont de Grésin. Le seigneur de Ballon assure la garde du fort de Méral, mais les effectifs restent bien modestes.

C’est Richelieu qui a le dernier mot. Pendant l’occupation française de 1630, il fait raser le fort de Méral dont l’existence fut finalement bien courte. Le Pont de Lucey sur la perte du Rhône supplante alors les ponts de Grésin et d’Arlod. Les chemins d’accès y sont meilleurs pour qui veut traverser aisément le Rhône.

Le 18ème siècle est peu favorable aux Eloisiens. L’administration sarde fait réaliser un nouveau cadastre. C’est la Mappe Sarde de 1730, avec ses Tabelles des Propriétaires, qui sert à calculer l’impôt foncier (taille). C'est l'occasion de raviver des droits seigneuriaux oubliés. Pour Eloise, la taille passe de 557 livres à 1214 livres. Le syndic et les conseillers d’Eloise écrivent bien une requête au Roi. Mais ils n'obtiennent qu'un abattement de 120 livres et l’addition reste lourde.

Le milieu du siècle est épouvantable. L’occupation espagnole de 1742 à 1749 est écrasante. Les loups dévorent un enfant au Bois d'Arlod en septembre 1744. La joie est de courte durée en 1749 avec le départ des troupes espagnoles puisque immédiatement après arrivent les corvées pour la remise en état de la route de Seyssel à Genève. Elles dureront quarante ans. Les habitants d'Eloise sont exempts de construction de cette route, mais ils sont de corvée sur leur propre territoire pour l’entretien des routes menant aux ponts sur le Rhône. Ces corvées effectuées sous la contrainte épuisent les hommes et les animaux de trait. Les productions agricoles en pâtissent. La faim tenaille les populations de toute la Semine. Le châtelain Donzier signale des habitants d'Eloise qui en avril et mai 1772 "mangent l’herbe des prés pour s’empêcher de mourir de faim". Pour tout arranger, l’été 1772 déverse des quantités importantes de grêles qui saccagent les récoltes.

L'abandon total de la rive droite du Rhône à la France le 24 mars 1760 (traité de Turin) fait définitivement oublier aux diplomates l’existence du pont de Grésin. Mais pas sans doute aux gabelous qui traquent les nombreux contrebandiers. Dans les années qui suivent les mauvaises récoltes de 1768, il est interdit de sortir du grain de Savoie. La présence d'un moulin près du pont de Grésin sert de prétexte à y amasser du grain qui traverse ensuite en fraude la rivière sur des bateaux.

L’abandon de la rive droite du Rhône à la France a une contrepartie favorable pour Eloise qui recueille Essertoux, précédemment dépendance d’Arlod. Avant 1760, l’état-civil d’Essertoux doit donc être consulté sur la paroisse d’Arlod.

 

 

 

 
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