Fort de l'Annonciade fort de la "Nonciade" à Rumilly
Après qu'Emmannuel-Philibert fut rentré en possession de ses Etats, il lui parut important de fortifier Rumilly, et d'en défendre les avenues sur la route de Genève et de Seyssel, par lesquelles les partisans de la ligue et des protestans s'étoient successivement introduits en Savoie , et y avoient excité des troubles.
Pour s'opposer à toutes incursions étrangères , et tronquer les liaisons que leurs chefs avoient dans le pays, il fit bâtir, l'an 1568, (( il jeta, en 1569, sur la rive droite du Chéran, au sommet du coteau septentrional de Pala, la citadelle de l'Annonciade, robuste pentagone régulier appelé à arrêter et à repousser les incursions des Genevois. ))) le Fort de l'Annomciade dans la commune de Sales, et y mit , pour premier gouverneur, Pierre de Maillard de Tournon auquel succéda, en 1589, Amé de Gerbais de Sonnaz. Charles-Emmanuel er ayant appris , dans le même tems que Sancy , à la tête des Genevois, étoit entré en Chablais et en Faucigny , et qu'il ravageoit la province du Genevois , résolut de faire de Rumilly , une place d'armes, capable de couvrir la capitale et les autres provinces du duché, contre les incursions dont elles étoient continuellement menacées par les habitans de Genève et par les Bernois, leurs alliés. Dans ce dessein, il fit réparer les anciennes fortifications du château et de la ville de Rumilly, et construire un Fort régulier à la pointe du confluent de Chéran et de l'Epha ( a ). Il rassembla ensuite autour de cette ville, une armée de 12o0o hommes d'infanterie et de a5oo de cavalerie ( b ) , avec laquelle ayant pris la route de Frangy et de Chaumont, il chassa ses ennemis du bailliage de Ternier, du pays de Gex, du Chablais , du Faucigny , et termina glorieusement cette campagne par la paix faite à Nyon , avec le canton de Berne , le premier octobre 158g.
Les preuves multipliées de zéle, d'attachement et de fidélité que les habitans de Rumilly donnèrent à leur souverain durant cette guerre, le déterminèrent
LES CHEVALIERS-TIREURS DE RUMILLY
Jusqu'en 1742, l'histoire de la Compagnie d'arquebuse, c'est celle de la cité elle-même
En transportant sa capitale de Chambéry à Turin en 1563, Emmanuel-Philibert se retranche derrière les Alpes. Il transforma la Savoie en "glacis", élevant cependant une ligne de défense tournée contre la Suisse et la France avec les forts de Montmélian, de Saint-Maurice à Bourg en Bresse, de l'Annonciade à Rumilly, de Sainte-Catherine et de Versoix près de Genève, de Barraux dans le Grésivaudan. Le développement de l'artillerie à feu au 16ème siècle explique l'apparition de ces forts nouveaux qui remplacent les châteaux-forts du Moyen Age.
1566 commencer la même année les travaux du fort de l’Annonciade sur la rive droite du Chéran près de Rumilly
Le duc Emmanuel-Philibert n'était pas homme à s'embarrasser de principes. Sitôt le départ des Bernois il dispose en maître des fiefs et les met à l'encan ; il vend la seigneurie des chartreux de Vallon à Messire François Joly, bourgeois de Thonon, pour la somme de 2.400 écus afin de payer les réparations au fort de l'Annonciade à Rumilly.
Il fait de même avec la terre de Valonnet près de Fessy, dont il fait une seigneurie pour en tirer un meilleur prix.
Le prieuré de Bellevaux reste vacant : il se contente d'en toucher les revenus.
le fort de l'Annonciade ne résiste guère en 1630 à la parade des troupes royales car inadapté pour les guerres modernes . construction médiévale du fort.
début des années 1580 munitionnaire du fort de l'Annonciade. Construit de 1569 à 1581, cet imposant fort était situé près de Rumilly et surtout près de
Maître Georges Gantelet garde cependant d’importants liens avec Hauteville, où il possède
une maison, au lieu-dit les Onges ; il fait même réparer la cheminée de cette demeure en 1561 Il continue à tenir des fermes seigneuriales et notamment celle de la seigneurie d’Hauteville : il est
ainsi fermier d’Hauteville entre 1570 et 157336. Cette activité, ainsi qu’ont pu le montrer R. Devos
et J. Nicolas37, est l’une des sources d’enrichissement pour maître Gantelet et lui permet d’asseoir
son pouvoir et sa notabilité à Hauteville et dans les environs. C’est sans doute son expérience du
maniement des fermes seigneuriales et son habileté à gérer un domaine qui lui vaut d’être au
début des années 1580 munitionnaire du fort de l’Annonciade. Construit de 1569 à 1581, cet
imposant fort était situé près de Rumilly et surtout près de Hauteville38 : c’est au temps de sa plus
grande activité que maître Gantelet y est munitionnaire, de 1582 à 158939. Il était ainsi chargé de
faire provision et fournir le fort en blé, vin et vivres. Les profits acquis par cette charge n’ont sans
doute pas été négligeables.
R. Devos et B. Grosperrin, op. cit., p. 57. Cf. aussi G. Amoretti, « Le fort de la « Nonciade » à Rumilly »,
dans Revue Savoisienne, 1970, p. 83-109.
39 AST, SR, Cam. Sav., inv. 5, n° 18, fol. 295v. : maître Gantelet y est dit « monitionaire cy-devant de notre
fort de la Nonciade mesmes depuis sept année ençà » (à la date du 10 novembre 1589).
La maison des Maillard existe encore à Rumilly, dans la Grand'Rue. Elle est flanquée 264 au nord d'une tour carrée, peu élevée mais d'un joli caractère. Elle fut sans doute élevée par Pierre Maillard, lorsque, ayant été chargé de surveiller la construction du fort de l'An- nonciade et d'en être le commandant, il vint se fixer à Rumilly (Grillet, Dict. hîst., t. III, p. 248).
PIERRE II MAILLARD Scigneurdu Bouchet, — Page de S. A. le duc Charles III, — Maître d'hôtel, — Conseiller d'Etat, — Chambel- lan de S. A. le duc Emmanuel-Philibert, — Baron du Bouchet, — de Chccron,— Comte de Tournon, — Gou- verneur de Savoie, — Surintendant du fort de l'An- nonciade, — Chevalier de l'Ordre de l'Annonciade.
http://www.heraldique-europeenne.org/Armoriaux/Annonciade/Charles_Emmanuel_I_3.htm
Mais peu à peu, quand le cercle s'étend et que les expéditions deviennent plus sérieuses, plus lointaines et plus longues, on sent le vice de cette organisation de terroir : on ne peut sans inconvénient arracher les bourgeois à leurs foyers, à leurs affaires et à leurs familles pour guerroyer au loin. C'est alors qu'apparaissent sur la scène de l'art militaire ces bandes sans patrie et sans loi, colportant leurs services, entrant aujourd'hui dans le camp du seigneur qu'elles ont vaincu la veille, n'ayant d'autre mobile ni d'autre conviction que l'or, ces compagnies <li ventura que les empereurs avaient amenées en Italie du fond des provinces germaniques. Leur existence remonte à l'époque la plus reculée; mais ce n'est qu'au xiv» siècle qu'elles effacent d'une façon marquée l'host féodal et qu'elles s'élèvent au rang d'armée active.
Toutefois, les milices bourgeoises ne furent pas brusquement et de plein saut reléguées dans les cadres de réserve ou de garde nationale : aussi voyonsnous en 1411, date de l'annexion de l'Albanais au duché de Savoie, les compagnies rumilliennes passer sous le commandement du grand-maréchal de Savoie. Seulement, dès cette heure, on peut prévoir le rôle purement défensif qui leur est destiné; et, d'autre part, en face du goût militaire qui était extrêmement répandu à cette époque, et de la connaissance approfondie du métier des armes que possèdent tous les habitants, il est naturel de supposer que le pouvoir souverain, tout en répondant aux aspirations des sujets, saura utiliser ces forces vives qui, sur le théâtre restreint de leur activité, pourront lui rendre , au moment du danger, d'éminents services. C'est ce qui eut lieu, en effet ; et, dès le commencement du xvie siècle, on voit successivement apparaître dans toutes les localités importantes de la Savoie les compagnies de l'arc, de l'arbalète et de l'arquebuse, troisième incarnation de la milice bourgeoise qui, après avoir été une véritable armée active, a cédé le pas aux mercenaires et devient maintenant une société d'élite, créée par lettres-patentes et ayant ses règlements spéciaux.
II
Simple coup-d'œil sur la révolution militaire du xvr siècle. — Les créateurs de la tactique moderne. — L'armée permanente. — François I" et Emmanuel-Philibert. — Organisation de l'armée dans le duché de Savoie. — Colonelat, compagnie, centurie, escouade. — Epoque présumée de la création des chevaliers-tireurs de Rumilly.
Une cause puissante vint, au milieu du xvie siècle , donner un libre essor au développement des compagnies de l'arquebuse : ce fut la révolution décisive qui s'accomplit à cette époque dans l'organisation militaire. S'emparant d'une idée pour la première fois émise et essayée dans la pratique par Charles VII, François Ier, roi de France, entrevoyant les vices du déplorable système de vénalité qui dévorait l'Europe, trouva dans la réalisation complète de cette idée féconde le remède à apporter
à ce fléau; dès 1533, il avait créé des légions régulières et indigènes, composées chacune de six compagnies de 1,000 hommes. C'est là vraiment le noyau de l'armée française moderne.
François Ier éprouva bientôt l'excellence de ce nouveau système, qui fut en grande partie la cause du succès heureux de ses armes dans la campagne de 1536 contre le duc Charles III et qui lui valut la conquête de la Savoie et du Piémont entier, à l'exception d'Aoste, de Verceil et de Coni; aussi quand, en 1559, par le traité de Câteau-Cambrésis, Emmanuel-Philibert fut rentré en possession de ses Etats, instruit par l'expérience de la supériorité du régime français, porta-t-il immédiatement son coup-d'œil de général du côté de l'organisation militaire. « Nous avons advisé, dit-il dans son Edit du 28 janvier 1561, d'establir yens de guerre qui soient nos propres subjects, estimant qu'ils nous seront plus fidèlles, outre ce qu'ils ne serviront comme mercenaires, mais comme en leur cas propre, pour la défense et conservation de leur prince naturel et de leur propre patrie. *
Dès 1666, cette idée progressive avait subi son entière réalisation et le nouveau système se trouvait complètement réglementé, grâce aux soins du capitaine Plaisantin Antonio Levo. Voici en deux mots les bases de ce système :
Le territoire est divisé en un certain nombre de commandements militaires appelés colonelats, commandés par un colonel et composés de six compagnies de 400 hommes, sans compter l'état-major, les sous-officiers et les tambours.
La compagnie se divise en quatre centuries; la centurie, en quatre escouades, dans lesquelles se groupent les citoyens d'une même localité ou des localités- voisines âgés de 18 à 50 ans.
Les armes sont la pique, lu hallebarde et Y arquebuse. Il y a aussi dans chaque compagnie un certain nombre de piquiers, de tiallebardiers et A'arquebusiers, ordinairement dans la proportion de 150, 10 et 230.
L'échelle hiérarchique des officiers pour chaque colonelat est ainsi composée : le colonel; le sergentmajor (le major de nos jours); — 6 capitaines, ayant sous leurs ordres un enseigne et 2 sergents; — 24 centurions et 96 caporaux.
Les exercices ont lieu par escouade, par centurie, par compagnie, par colonelat et par colonelats réunis.
L'escouade se réunit tous les quinze jours ; la centurie, tous les mois; la compagnie, tous les deux mois; le colonelat, tous les six mois et, une fois l'an, à la Pentecôte ou à saint Martin, l'infanterie entière ou plusieurs colonelats réunis procèdent à de grandes manœuvres.
Il nous a paru utile et intéressant de rappeler au passage les bases de cette organisation, à un moment où notre armée subit elle-même une phase de transformation qui donne une véritable actualité à tout ce qui intéresse la tactique et l'art militaire.
Eh ! bien, pour reprendre le cours de cette note, qu'interrompent trop souvent peut-être des digressions dans le domaine des généralités, c'est à cette époque que, d'après une tradition constante relatée dans une délibération du noble conseil, il faut placer la création de la compagnie des chevaliers-tireurs de Rumilly. Elle reçut alors la dénomination honorifique de chevaliers de l'arquebuse, à l'instar d'une des trois compagnies que le duc établit pour la garde de sa personne. Comme l'a fort bien fait remarquer M. André Perrin, dans sa savante Histoire de la basoche, des abbayes de la jeunesse, etc, les luttes fréquentes dont Rumilly fut le théâtre y avaient fait prévaloir plus tôt qu'ailleurs l'usage des armes à feu. Pendant que l'arc et l'arbalète sont encore aux mains des autres compagnies, l'arquebuse, le chassepot de l'époque, arme déjà les tireurs de la cité albanaise.
III
Etat de services des compagnies rumillicnncs. — Bravoure et fidélité. — Les réformes stratégiques d'Emmanuel-Pliilibert. — Le fort de l'Annonciade. — La place de Rumilly. — Guerre contre les Suisses et paix de Nyon. — Liste de concessions souveraines. — Le fameux E capouè et sa récompense. — Honneur au bourgeois Delphin! — Les lettres-patentes de Christine de France. — Seconde représentation du /-.'( quand mime !
En parcourant dès cette époque l'histoire de Rumilly, on voit les compagnies de l'arquebuse se distinguer dans toutes les guerres et obtenir en récompense un nombre très considérable de privilèges et de lettres-patentes ; aussi une délibération du Noble Conseil de la ville de Rumilly, en date du 3 juin 1824, a-t-elle pu sans mensonge comme sans prétention enregistrer ce motif dans ses considérants :
« Par ce motif à être réintégrés dans les droits, privilèges, honneurs et distinctions que cette compagnie, dès un temps immémorial, avait obtenus de la munificence souveraine, en mémoire et récompense des honorables services de cette ville, du dévouement et de la bravoure de ses habitants dans toutes les conjonctures qui ont intéressé la gloire du prince et l'honneur de ses armes. »
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